De la formation aux compétences puis à la performance : une boucle vertueuse
Évaluer les actions de formation en continu, c’est pour Elisabeth Desriac (VP Strategic development chez Syfadis), améliorer leur individualisation, ce qui permet d’en renforcer l’efficacité, d’accroître l’engagement des collaborateurs dans leur formation, et le développement plus rapide des compétences et de leur mise en application… Une boucle vertueuse qu’on peut aussi parcourir dans l’autre sens, et dont l’évaluation est un des moteurs.
Quel est le lien pratique entre évaluation et individualisation de la formation ?
Elisabeth Desriac : D’abord, il y a un enjeu fort à “apporter la bonne formation au bon collaborateur au bon moment”, parce que le temps dont chacun de nous dispose est le bien le plus précieux et qu’il faut l’utiliser à bon escient. Pourquoi, dans le cas de formations imposées, par exemple sur des sujets réglementaires, faudrait-il se contraindre à passer du temps sur des notions déjà acquises ? Ce serait contre-productif, alors qu’il suffit d’ajuster un parcours “à la carte” pour éviter le décrochage. Quand au contraire on peut se former librement, on a des difficultés à s’y retrouver dans l’abondance de l’offre de formation : se voir offrir des propositions de formation individualisées, pouvoir gérer sa progression, quel gain de temps !
L’évaluation est évidemment au cœur de cette individualisation, car c’est chaque point de passage – “où j’en suis actuellement » – qui permet d’aiguiller vers les bons médias pédagogiques et la bonne formation. On notera par ailleurs que, pour l’entreprise, individualisation rime avec efficience du plan de formation et de développement des compétences. Une offre bien adaptée, une bonne orientation, des pré-requis validés, voilà qui contribue à optimiser le temps, le rythme, le budget investi, et l’atteinte des objectifs.
C’est un des axes suivis par Syfadis depuis des années : “massifier l’individualisation de la formation” dans notre plateforme LMS, à travers toute une palette de solutions qui permettent aux Directions Formation d’automatiser ces stratégies d’individualisation selon les usages et l’expérience collaborateur.
L’évaluation de la formation, en particulier si elle prend en compte les impacts de la formation sur la performance opérationnelle des collaborateurs, est-elle un facteur d’engagement dans la formation ?
Elisabeth Desriac : Oui, bien sûr ! L’évaluation est un puissant facteur d’engagement et de stimulation. Le désir de se former n’exclut pas l’effort, et l’on apprécie en général de voir ses efforts couronnés de succès ! L’évaluation est essentielle à cette objectivation des progrès et des acquis. Par ailleurs, reconnaître la compétence de ses collaborateurs et leur donner envie de se perfectionner est un moyen de renforcer leur envie d’apprendre, sous réserve que ce ne soit pas un acte isolé mais une posture collective, permanente et vertueuse, qu’on sait très prisée par les jeunes générations lorsque l’évaluation prend la forme de challenges permanents.
Dans un monde idéal, chaque action de formation liée à un poste de travail devrait être reliée aux objectifs opérationnels du poste. J’y vois de grands avantages, notamment la prise de recul ainsi offerte au collaborateur, sur ses pratiques et ses savoirs ; la formation prend ainsi tout son sens, dans cette mesure des progrès accomplis, surtout si l’on y implique le manager. On peut alors parler de professionnalisation / valorisation, pour le collaborateur comme pour l’entreprise. De ce point de vue, l’AFEST est une belle opportunité, car elle vise à créer le continuum compétences – objectifs – formation – évaluation, en mettant la formation et l’évaluation au centre de l’activité professionnelle. C’est la même chaîne de valeur que supporte la technologie Syfadis, qui prend d’ailleurs en compte l’AFEST.
Évaluer la formation et les compétences vont de pair ?
Elisabeth Desriac : Guy Le Boterf considère que “La compétence est la mobilisation ou l’activation de plusieurs savoirs dans une situation ou un contexte donné”. Le lien peut être pensé comme bi-directionnel. Soit on évalue les compétences sur une grille d’objectifs et la mesure des écarts permet d’évaluer le besoin de formation sur tel ou tel savoir restant à acquérir, qui sera à son tour évalué à l’issue de la formation. Soit on commence par évaluer des connaissances à l’issue d’une formation puis on vérifie que cette connaissance a bien été mobilisée ou activée au poste de travail pour la valider comme compétence. Ces processus forment une boucle itérative. Dans tous les cas l’évaluation est un formidable levier cognitif pour structurer la connaissance et favoriser l’ancrage mémoriel. Être questionné favorise la prise de distance, stimule l’ancrage par la résolution de problème et augmente la conscience réflexive.
Quels sont les outils nécessaires aux RH pour mettre en œuvre cette politique intégrée ?
Elisabeth Desriac : Syfadis a été visionnaire dans le domaine de l’évaluation, et notamment celui de l’évaluation de la formation, via des fonctionnalités d’une richesse inégalée qui répondent à toutes les finalités d’usage largement exploitées par nos grands clients en particulier dans le secteur de la banque et de l’énergie. Notre plateforme Syfadis Xperience permet de piloter finement les dispositifs de formation à partir de la compétence et de l’évaluation, la compétence étant elle-même alignée avec la stratégie business elle-même intégrée dans notre plateforme.
Quelles sont les conséquences de la crise sanitaire pour Syfadis ?
Elisabeth Desriac : La crise sanitaire nous a malheureusement contraint à annuler notre Club utilisateurs qui se déroule depuis 13 ans pendant 2 jours chaque année au mois de juin… Ce moment de forte convivialité avec nos clients va nous manquer. Ceci dit, nous sommes restés très réactifs sur les demandes spécifiques à cette période, notamment pour adapter nos plateformes aux augmentations de trafic chez les clients, lancer de nouveaux projets ou, au contraire, en ralentir certains. Comme nos clients, nous avons largement développé le collaboratif à distance : il est difficile aujourd’hui de faire sans les outils de web meeting ! Le lien est gardé, je pense même qu’il se renforce dans l’attente d’un retour à la normale.